Joël Jimenez, lauréat de la 3ème édition de la Bourse Saif Carte Blanche Étudiants

Depuis 2022, la SAIF accompagne la création émergente par la Bourse Saif Carte Blanche Étudiants, avec une dotation de 3000€ attribuée à l’un des lauréats de l’édition. Cette année, c’est le projet de Joël Jimenez, « La rivière est un métier à tisser, le fil est une montagne – 2023-2025 » que la Bourse Saif permettra de développer.

« La rivière est un métier à tisser, le fil est une montagne – 2023-2025 » (“The river is a loom, the thread is a mountain – 2023-2025”)

À la fin du XIXe siècle, des colonies textiles sont apparues le long du Llobregat en Catalogne. Ces communautés autonomes comprenaient des usines, des logements et des équipements collectifs. Ces microcosmes fonctionnaient dans le cadre d’un système paternaliste qui échangeait une aide sociale bon marché contre une main-d’œuvre exploitée et des libertés restreintes. Les avantages perçus de cette dynamique ont favorisé un climat d’obéissance et de conformité parmi les travailleurs et leurs familles.

Le déclin de l’industrie textile dans les années 1970 a précipité la crise des colonies. Les usines se sont tues et les infrastructures de soutien se sont effondrées. Ces communautés autrefois prospères se sont transformées en vestiges de leur passé industriel. Aujourd’hui, alors que certains habitants d’origine persistent, une nouvelle population de migrants et d’étrangers a trouvé refuge dans ces espaces interstitiels.

« La rivière est un métier à tisser, le fil est une montagne » enregistre le paysage naturel et construit, en développant une archéologie symbolique qui révèle les traces enfouies du pouvoir, du contrôle, de la hiérarchie et de la classe. En examinant les résidus de l’industrialisation et la présence durable de la nature, l’œuvre explore la manière dont l’identité des colonies est façonnée par la collision du passé et du présent, de la réalité et de la fiction. En outre, la nature anachronique du paysage motive une étude sur l’interaction entre les récits historiques et mythologiques qui définissent la mémoire collective de ces espaces.

La matérialisation du projet implique une méthodologie polyvalente et interdisciplinaire qui englobe diverses techniques, notamment l’impression photographique sur tissu, les photogrammes au cyanotype, l’art vidéo et les formats d’installation.